Chaudes de retrait

Auteur : Eric Gallais                                                            Le 31 Janvier 2015

Chaudes de retrait

 

Quand, suite à un accident, la coque d’une péniche a été déformée et qu’une réparation doit être effectuée, après évaluation du dommage, une procédure de réparation doit être définie : découper la partie endommagée et la remplacer par des éléments neufs ou redresser les éléments déformés.

Chaque cas est particulier et il n’est pas possible de définir une procédure qui s’appliquerait dans tous les cas de figure.

On va s’intéresser ici à un cas particulier : la déformation est à l’avant, sur une coque en forme, suite à un choc sur une masse d’écluse par exemple, et la structure interne (membrures) est également déformée.

La solution du découpage consisterait à enlever tout ce qui est déformé et à  remplacer par du neuf. Cette solution, facile à mettre en œuvre quand la déformation se situe dans une zone de géométrie plane de la coque, n’est pas forcément la plus pertinente pour une zone non-développable. On peut passer par une remise en forme de l’existant grâce à la technique dite des chaudes de retrait :

  • La première étape consiste à découper tous les éléments de structure déformés présents à l’intérieur.
  • La coque ainsi déshabillée peut être forcée à reprendre sa place avec force crics, coup de masse, etc.
  • On aura beau s’acharner, il restera toujours des creux et des bosses dus au fait que, sous l’effet du choc, la matière s’est déformée et distendue.
  • C’est là où intervient la technique des « chaudes de retrait ». Il faut chauffer la tôle localement et vivement. Chalumeau oxyacétylénique indispensable. Quand on atteint le rouge vif, refroidissement brutal à l’éponge mouillée. La matière se retreint et les cloques se résorbent.

Comment expliquer ce résultat qui semble tenir du miracle ?

Lorsqu’une zone (mettons de 5cm pour fixer les idées) est portée au rouge, la matière se dilate. Le pourtour de la zone chauffée restant froid, ses dimensions ne changent pas. La seule possibilité pour la matière chauffée de trouver sa place est de s’épaissir dans la zone de chauffe. Le refroidissement rapide empêche toute réversibilité du processus. C’est exactement le contraire du martelage qui, à chaque coup de masse, réduit localement l’épaisseur de la matière, l’étale, ce qui induit une augmentation locale de la surface de la tôle et provoque l’apparition d’une cloque.

Grâce aux chaudes de retrait, on arrive ainsi à retrouver une surface régulière. Le but du jeu est seulement d’atteindre un résultat satisfaisant « à l’œil » car il ne s’agit pas ici de mécanique de précision.

La dernière étape consiste à remettre un à un des éléments de structure, mis en forme pour “coller” à la coque et y être soudés.

 

One thought on “Chaudes de retrait”

  1. commentaire de Daniel :

    Lors d’une chauffe locale, il se peut que le métal, au lieu de s’épaissir localement, fasse une bosse. Dans ce cas il faudra aplatir délicatement la cloque au marteau pour ramener la matière en position et la contraindre à s’épaissir. Dès que ce résultat est obtenu on peut refroidir brutalement.

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