Choisir un bon système de mouillage

Auteur : Eric Gallais                                          Janvier 2016

 

Avoir un dispositif de mouillage prêt à fonctionner, en urgence, est peut-être encore plus vital en rivière que dans le domaine maritime.

Cette assertion est paradoxalement mal perçue par tous ceux qui, habitués aux risques de la navigation en mer, pensent que, lorsqu’ils arrivent dans le domaine fluvial, les dangers disparaissent. Il suffit d’imaginer qu’une bûche bloque votre hélice à l’amont d’un barrage à rappel en temps de crue pour changer d’avis. Là, le danger est immédiat et peut être mortel.

Dans cet article nous ne traiterons pas des bateaux de travail traditionnels type Freycinet ou assimilés, d’une part parce que d’autres articles de ce site évoquent cette question, et d’autre part parce que le dimensionnement des apparaux de mouillage  a été fait au moment de la construction du bateau en fonction de critères liés à l’expérience marinière.

On prendra, pour fixer les idées le cas d’un petit bateau, pour lequel on peut imaginer manipuler le mouillage sans passer par l’intermédiaire d’un guindeau : une vedette d’une dizaine de m de longueur hors-tout.

Premier point : pour satisfaire au critère d’utilisation en urgence, tout doit être prêt à mouiller, dans les secondes qui suivent la prise de décision de mouiller. L’ancre doit être à poste, à l’avant, et la ligne de mouillage prête à être filée autant que nécessaire.

Deuxième point : le choix d’une ancre.

Parmi les ancres qu’on peut trouver sur le marché aujourd’hui, il en existe  différents modèles.

a) les grappins (repliables ou pas) de tenue moyenne. On les utilise pour une immobilisation momentanée. En attente d’une renverse de courant par exemple. Ils ne conviennent pas pour un mouillage principal.

b) les ancres plates à bascules. Dérivées des ancres en fonte d’autrefois, elles sont peu coûteuses, mécano-soudées, mais d’un rapport tenue/poids pas excellent. En d’autres termes, pour avoir une tenue correcte pour un bateau donné, il faudra choisir une ancre plus lourde que les modèles suivants.

c) les ancres “soc de charrue” de très bonne tenue et dont le fonctionnement sera décrit par la suite.

d) Les plus récentes, les ancres dites “concaves” qui ont une tenue excellente mais sont aussi les plus chères.

Troisième point : Le fonctionnement d’une ancre type soc de charrue.

On suppose que le fond est relativement meuble : sable gravier, vase,… En tout état de cause, sur une dalle rocheuse aucune ancre ne tient.

Si l’angle de tire sur la verge de l’ancre est proche de l’horizontale, la géométrie du soc induit un enfoncement du soc dans le sol. Et plus la traction est forte (ou dure longtemps) et plus le soc s’enfonce profondément, donnant ainsi une tenue encore meilleure.

mouillage

Nous avons eu l’occasion de le constater, lors d’un coup de vent violent, sur un bateau à voile de 12m de long, mouillé à l’abri dans un aber breton. Lors du dérapage, après le passage du coup de torchon, la chaîne tirée par le soc s’était enfoncée dans la vase sur un longueur de 4m.

Dans de telles conditions le “dérapage” peut sembler quelque peu problématique.

En fait il n’en est rien et la clef de compréhension du pourquoi se trouve dans la notion d'”angle de tire”.

Pour que l’ancre s’enfonce dans le sol, il faut que la traction sur l’ancre soit sensiblement horizontale, d’où l’utilité d’avoir un mouillage en chaîne, et d’autre part d’avoir une longueur de câblot ou de chaîne suffisante (4 à 7 fois selon les cas). Inversement si on raccourcit le mouillage (en remontant la chaîne), l’angle de tire pivote vers la verticale et il vient un moment où le soc de charrue prend une trajectoire qui le rapproche de la surface. C’est le dérapage.

Troisième point : chaînes et cordages

La conséquence est que les chaînes et cordages doivent être longs et lourds. On choisira une chaîne plus grosse que celle qui serait nécessaire  du seul point de vue de la résistance à la rupture, pour avoir un angle de tire plus favorable. De même si on utilise un câblot textile il faut prendre un cordage plombé à proximité de l’ancre et de longueur suffisante.

Quatrième point : les accessoires

Le guindeau : l’ensemble chaîne-ancre peut représenter une masse difficile à remonter à bord. Les guindeaux électriques ou manuel permettent de résoudre cette difficulté. Le barbotin du guindeau doit être choisi en cohérence avec la chaîne. Le câblot peut se remonter à l’aide d’une poupée présente sur le guindeau.

guindeau

Le davier : cette ferrure disposée sur l’étrave permet de guider et contrôler la descente du mouillage. Elle garantit ensuit que la traction du mouillage se fait dans l’axe du bateau.davier
Lors de la remontée elle guide également la chaîne ou le câblot. En dernier lieu elle peut servir de système de rangement de l’ancre lorsque celle-ci est remontée à bord, de telle sorte qu’elle soit prête à servir.

Le puits à chaîne : on ne peut pas conserver  à plat pont, en navigation, un mouillage en chaîne. La solution la plus pratique consiste à avoir un puits à chaîne. Un écubier permet à la chaîne d’entrer ou sortir du puits.ecubier-en-inox-316

Lorsque la solution câblot est choisie on peut utiliser un sac à mouillage à fixer sur le balcon.